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jeudi 27 décembre 2007

L’impact de la précarité sur le devenir des enfants

D’un point de vue théorique, plusieurs mécanismes peuvent expliquer le lien observé entre la précarité subie par les enfants et leur devenir. Les principales théories sont la théorie de l’investissement (ou théorie économique) et la théorie des ”bons parents”(ou théorie non-économique).
Selon la théorie de l’investissement, le devenir des enfants est le résultat de la dotation que les parents transmettent à leurs enfants (capital culturel par exemple) et de l’investissement des parents. En effet, les parents investissent du temps et de l’argent dans le capital humain de leurs enfants, directement dans l’éducation, mais aussi dans des conditions matérielles (logement, santé…). Les parents les plus pauvres ne peuvent pas offrir à leurs enfants certains biens qui leur seraient utiles pour s’épanouir : bonnes conditions de logement, bonne alimentation, livres, ordinateurs, visites culturelles… Les enfants pauvres réussissent donc moins souvent car ils n’ont pas pu disposer de ces biens.
Selon cette théorie, des politiques de transferts financiers en direction des familles en situation précaire permettraient de compenser ce manque de biens matériels, en supposant que les moyens financiers transférés soient effectivement utilisés pour les enfants.
Selon la théorie des ”bons parents” (ou théorie non-économique), les revenus des parents n’ont pas d’effet direct sur le devenir des enfants, mais reflètent simplement l’effet d’autres caractéristiques non mesurées des parents qui, elles, ont un impact direct sur le devenir des enfants. La précarité serait donc corrélée à un moindre investissement non-monétaire des parents dans l’éducation de leurs enfants, en raison de la personnalité des parents, de conflits familiaux ou d’une moins grande disponibilité à cause des difficultés quotidiennes pour joindre les deux bouts.
Une version de cette théorie (”rôle model”) insiste sur l’interaction entre parents et enfants : les parents pauvres développeraient des valeurs, normes et attitudes (culture de la pauvreté) qui seraient inadaptées pour que les enfants sortent de la pauvreté. Par exemple, les enfants vivant dans une famille pauvre pourraient ne pas être suffisamment incités à poursuivre leurs études parce qu’ils rencontrent peu d’exemples d’études longues dans leur entourage. Or, Murat et Rocher montrent l’importance du projet professionnel dans le devenir scolaire (même si les écarts d’aspiration ne peuvent pas à eux seuls expliquer les inégalités sociales observées à l’école) : ”toutes choses égales par ailleurs, pour les élèves de seconde générale et technologique, le taux de passage en première générale est majoré de vingt points quand le jeune souhaite exercer une profession intellectuelle, scientifique ou de cadre dirigeant” (Murat Rocher, 2002).
Pour définir les politiques à mettre en œuvre, la question cruciale est alors de savoir si la pauvreté est une cause ou une conséquence de ces attitudes et valeurs. Si la pauvreté est la cause, des transferts financiers en direction des parents les inciteraient à abandonner la ”culture de la pauvreté” et donneraient à leurs enfants les mêmes chances qu’aux autres. A l’inverse, si la pauvreté est une conséquence de la ”culture de la pauvreté”, augmenter les revenus des parents n’aura pas d’impact : pour que le devenir des enfants s’améliore, il faudra changer les valeurs des parents, par exemple en créant des incitations à la poursuite des études (bourses liées à la réussite scolaire). Si la théorie de l’investissement et la théorie des ”bons parents” insistent sur l’impact, direct ou indirect, de la pauvreté sur le capital humain des enfants, on peut aussi envisager que les enfants pauvres soient désavantagés en raison de discriminations.
Des caractéristiques liées à la pauvreté, comme le lieu d’habitation ou le nom de famille, peuvent être interprétées comme des signaux négatifs par les employeurs ou le système scolaire. Dans ce cas, les transferts monétaires ne seraient pas efficaces et il faudrait plutôt mettre en œuvre des mesures de lutte contre les discriminations négatives voire des mesures de discrimination positive, comme c’est le cas pour le recrutement à Sciences Po d’élèves issus de lycées classés en Zep.


http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES361B.pdf)

http://www.cerc.gouv.fr/doctrav/2003-01.doc)

http://sticerd.lse.ac.uk/dps/case/cp/CASEpaper49.pdf

http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/methodes/doc_travail/docs_doc_travail/g2002-
11.pdf


Pour une meilleur lecture de la problématique ces analyses qui sont incomplètes par manque de chiffre exact vous éclairerons sur l'étendu du problème pour plus de réponses, capital-compétences se tient a votre écoute.

MRCC

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