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lundi 17 décembre 2007

Chômage et âge

L’évolution conjoncturelle influe davantage sur le niveau du chômage des jeunes. En effet, en période de ralentissement économique, ils sont fortement touchés et au contraire, lorsque la conjoncture s’améliore, le taux de chômage des jeunes revient rapidement dans la moyenne. Par contre, le climat économique a une influence moindre sur le taux de chômage des séniors et donc, celui-ci fluctue peu en comparaison à l'ensemble de la population en recherche d'emploi. Ainsi, si l'on peut donc parler de chômage à prédominance conjoncturelle chez les jeunes, le chômage des séniors semble plutôt lié à de multiples facteurs individuels tels que par exemple l'âge, le niveau de formation, les exigences salariales, l'état de santé, etc ..
Le premier facteur à considérer lorsqu’il s’agit de parler du chômage des séniors, est relatif à la formation de ces derniers. S’ils ont effectué une formation professionnelle au cours de leur jeunesse, cette dernière peut être relativement obsolète si elle n’a pas été complétée par des actions régulières de formation continue. Le changement permanent des pratiques et l’évolution rapide des moyens technologiques sont donc à la base de ce constat. A titre d’exemple, il suffit de mesurer le niveau de compétence atteint par les jeunes diplômés en bureautique, pour se rendre compte que les séniors ne peuvent pas offrir des aptitudes compétitives sur le marché du travail, s’ils n’ont pas bénéficié d’actions répétées de formation continue.
Selon nos recherches, il apparait que les séniors sont moins mobiles que les jeunes. Les raisons sont multiples mais souvent liées à la situation familiale (travail du conjoint, scolarité des enfants, propriétaire d'une maison etc.). Contrairement aux jeunes, les séniors sont donc peu nombreux à rechercher du travail dans une zone géographique étendue, ce qui a pour conséquence de limiter les chances de réinsertion. Une employabilité parfois limitée Un second facteur relatif au chômage des personnes plus âgées est celui de l’employabilité parfois. Par le passé, il n’était pas rare que la carrière d’une personne se déroule durant plusieurs dizaines d’années au sein d’une même entreprise. Aujourd’hui, le marché du travail a changé, si bien que la durée moyenne des expériences professionnelles est à la baisse. De plus en plus, les travailleurs sont amenés à changer d’emploi, d’employeur, de secteur d’activité et ceci de plus en plus rapidement et de plus en plus souvent. Ces changements ne sont d’ailleurs pas toujours volontaires. Il subsiste néanmoins encore de nombreuses personnes relativement âgées qui perdent leur emploi après avoir passé de longues années auprès du dernier employeur. Pour celles-ci, le monde du travail s’est limité, durant une période considérable, à l’environnement de travail de leur ancien employeur. Les compétences de ce type de demandeur d’emploi sont donc souvent très spécifiques et leur mobilité professionnelle, non pas au niveau géographique, mais en terme de compétences, est limitée, ce qui nuit au placement rapide et, à fortiori, favorise le chômage de longue durée. Les coûts relatifs au salaire et aux assurances sociales des séniors, souvent expérimentés et anciens dans l’entreprise, sont généralement plus élevés que ceux des plus jeunes et ce, surtout lorsqu’ils sont au bénéfice d’une formation. Ce critère peut jouer un rôle considérable au moment où un besoin d’économies se fait sentir dans une entreprise et que l’employeur doit se séparer d’une partie de ses collaborateurs. Ainsi, lorsque ces personnes recherchent un travail, surtout lorsqu’elles sont très qualifiées, elles font valoir des prétentions salariales élevées, parfois surdimensionnées par rapport à ce qu’un employeur peut offrir. Ce phénomène rend difficile la reprise d’emploi et favorise donc le chômage de longue durée. De plus, par exemple, les cotisations vieillesse de la prévoyance professionnelle payées par l'employeur, augmentent avec l'âge, passant de 7% du salaire pour les travailleurs jeunes à 18% pour les travailleurs qui sont à 10 ans de la retraite. Cela constitue automatiquement une barrière supplémentaire à l'emploi. A noter que les employeurs eux-mêmes peinent à croire et hésitent à engager une personne qui serait d’accord de perdre 20 à 30% de son salaire. Ils pensent que la personne va continuer de chercher du travail ailleurs et quitter leur entreprise dès qu’elle aura trouvé un autre emploi offrant une meilleure rémunération. Il n’est pas rare de constater, dans certains métiers en particulier, que les demandeurs d’emploi les plus âgés ont, après de longues années passées sur le marché du travail, une santé diminuée. Si cela peut jouer un rôle favorisant leur licenciement, c’est certainement aussi un critère qui tend à favoriser une durée élevée de chômage.
De manière encore plus prononcée que pour l’ensemble de la population en recherche d’emploi, le chômage n’est pas vécu comme du temps libre, mais comme du temps vide par les seniors. Parfois, l’expérience du chômage est génératrice d’ennui, d’angoisses et de culpabilité. Elle provoque une incapacité à développer des activités de substitution et à entrer dans une démarche constructive. Pour un certain nombre d'entre eux cette situation est difficile à vivre et certains vont même jusqu'à renoncer à se réinsérer professionnellement. Ce constat détermine notre action pour répondre au retour a l’emploi des seniors.

MRCC

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