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lundi 11 février 2008

Qelques éclairages sur les conséquences du chomage sur la famille

LE CHOMAGE, ce phénomène massif qui devrait être mieux vécu qu'auparavant, car il touche plus de monde et plus souvent, mais c'est le contraire. Jusque dans les années 80, on valorisait des connaissances, des compétences, un savoir-faire, donc, lorsque l'on perdait son emploi, on n'était pas remis en cause personnellement.

Aujourd'hui, les entreprises demandent un investissement subjectif : de la disponibilité, de la réactivité, de l'enthousiasme, mobilité, flexibilité, dynamisme... Donc, quand on perd son emploi, on se sent disqualifié en tant qu'individu et plus seulement comme travailleur.

Car aujourd'hui les entreprises pratiquent le "management émotionnel", elles individualisent beaucoup la gestion de leurs salariés. D'un côté, cela valorise l'individu, mais d'un autre côté, les exigences sont telles que seule une petite partie de la population peut remplir ces critères : les seniors, par exemple, sont moins enthousiastes, moins mobiles, moins flexibles que les jeunes. Les pères de famille, moins disponibles que les célibataires... et du coup, quand on prive la personne de son travail, elle est directement et individuellement remise en cause.

Le conjoint et les enfants peuvent vivre ce chômage comme une disqualification de leur conjoint, père, mère... Et puis, c'est très difficile aujourd'hui de dire en société que son mari ou père est au chômage. En début d'année, à l'école, il faut remplir une feuille de renseignement : c'est dur d'écrire "papa au chômage".

Du coup, il peut y avoir un malaise qui s'installe. Et si le chômage dure, on peut commencer à douter des capacités de la personne à trouver sa place dans la société. Et puis, le niveau de vie baisse et celui des enfants aussi (argent de poche, vacances, sorties...).

Il y a quelques années, la souffrance du chômeur était prise en charge par des collectifs : syndicats, collectifs de travailleurs... où la personne pouvait partager, se battre, échanger, comprendre. Aujourd'hui, le chômeur est isolé et a le sentiment que c'est lui qui n'est pas à la hauteur de la société.

La famille est la seule dimension de protection qui reste, le seul endroit où puiser ses ressources, mais est-ce vraiment son rôle ?

Avant, la femme ne travaillait pas ou peu, donc, quand le mari se retrouvait au chômage, cela engendrait des problèmes financiers. Aujourd'hui, la situation est très différente : la femme travaille et le problème n'est plus en termes de finances mais en termes d'image.

Et puis, bien sûr, il y a une précarisation, un avenir incertain qui s'invite à la table du couple. On passe d'un horizon de certitudes, où on peut programmer sa vie et celles de ses enfants, à une autre dimension, où tout devient de l'ordre de la précarité, de l'incertain et du danger.

Il faut le reconnaitre, le chômage détruit la vie de beaucoup de familles, déchire des couples, crée des alcooliques, déclenche des cancers, des dépressions... Et le mode de vie lui-même a changé. Les familles ne peuvent plus vivre comme avant, la mobilité est devenue indispensable : pour évoluer, faire carrière ou simplement travailler, il faut accepter de bouger.

C'est le déracinement permanent qui n'est pas sans effet sur le rapport au monde des enfants. Qu'est-ce que l'on devient quand on ne peut s'ancrer nulle part ? Qui est-on ? Quelle relation a-t-on au monde et à ceux qui nous entourent ?

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